Claire Wyart

Introduction

Claire Wyart a suivi une formation en neurosciences et biophysique. Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure de Paris en 2000, elle a réalisé son Doctorat avec Didier Chatenay et Laurent Bourdieu à l’Institut de Physique de l’Université de Strasbourg. De 2000 à 2003, elle a développé des systèmes de contrôle de la connectivité neuronale in vitro et étudié la nature des activités spontanées apparaissant dans ces réseaux simples (Wyart et al., 2000, 2004).

Après un an de travail humanitaire en Asie, Claire Wyart a rejoint l’Université de Californie, à Berkeley, pour un post-doctorat financé par une bourse Marie Curie. Pendant un an, dans l’équipe du Pr. Noam Sobel, elle a étudié les effets des phéromones mâles putatives sur la physiologie femelle chez l’Homme (Wyart et al., 2006). Elle a ensuite travaillé dans le laboratoire du Pr Ehud Isacoff qui développait alors in vitro une approche chimio-optogénétique permettant de manipuler la fonction de récepteurs grâce à des photo-interrupteurs chimiques. Elle a montré que cette démarche chimio-optogénétique est opérationnelle in vivo en utilisant des larves de poisson zèbre (Szobota et al., 2007). Cette approche permet de moduler à distance l’activité de neurones avec de la lumière dans des animaux transgéniques vivants.

Elle a utilisé cette méthode pour démontrer l’existence d’un lien entre les neurones au contact du liquide céphalorachidien (LCR), qui sont conservés chez l’ensemble des Vertébrés et dont les fonctions étaient alors totalement inconnues, et l’initiation de la locomotion (Wyart et al., 2009).

Réalisations

Claire Wyartz a créé son laboratoire en 2001 à l’Institut du Cerveau et de la Moelle (ICM) de Paris. Son équipe s’intéressait à l’intégration des signaux sensoriels locaux pendant la locomotion. Elle a développé un nouvel algorithme de suivi et de catégorisation haut débit des comportements des larves de poisson zèbre (Mirat et al., 2013). L’équipe Wyart a démontré que la morphologie et les marqueurs exprimés par les neurones au contact du LCR sont conservés chez les Vertébrés en analysant la moelle épinière de différents animaux dont la souris et le macaque (Djenoune et al., 2014). Les signaux perçus par ces neurones étaient alors inconnus. Depuis, Claire Wyart et ses collaborateurs ont montré que ces neurones spinaux détectent la courbure de la moelle épinière (Böhm, Prendergast et al., 2016) et ont identifié les circuits dans lesquels ces neurones interviennent (Fidelin et al., 2015 ; Sternberg, Severi et al., 2016 ; Hubbard et al., in press).

Projets en cours

Andrew Prendergast et Laura Desban, de l’équipe Wyart, ont réalisé une analyse transcriptomique des neurones en contact avec le LCR. Après confirmation par hybridation in situ et immunohistochimie, elle a permis d’identifier des cibles prometteuses qui permettraient de moduler l’excitabilité des circuits moteurs de la moelle épinière. Le laboratoire étudie actuellement la pertinence physiologique de ces mécanismes.

Par ailleurs, l’équipe Wyart continue de travailler sur la cartographie et l’exploration des circuits moteurs impliqués dans la locomotion. Knafo et ses collègues ont déterminé la contribution et la connectivité de rétrocontrôles méchanosensoriels glutamatergiques pendant la locomotion active (Knafo, Fidelin et al., en préparation). Ils ont également élucidé l’organisation fonctionnelle des réseaux rhombencéphaliques animant la moelle épinière pendant la locomotion active (Severi, Böhm et al., en préparation).

Impact

La larve de poisson zèbre constitue une opportunité extraordinaire d’exploration des circuits moteurs, des gènes aux comportements, et permet d’utiliser des technologies émergentes basées sur la génétique et l’optique.

Les résultats obtenus par l’équipe Wyart ont été confirmés chez d’autres espèces (Jalalvand et al., 2016) et devraient ouvrir de nouvelles perspectives de recherche chez les Mammifères (voir Petracca et al., Development 2016).