Nos recherches visent à comprendre la symbiose entre le Wolbachia et les nématodes filaires parasites responsables de la filariose humaine qui touche 100 millions de personnes. Les nématodes filaires deviennent stériles et meurent en quelques mois lorsque les Wolbachia sont épuisés, alors que les traitements classiques ne stérilisent que ces vers qui vivent plus de dix ans. Cette symbiose mutualiste fait du Wolbachia une cible thérapeutique pour lutter contre la filariose humaine et animale. Cependant, les mécanismes de symbiose établis entre le Wolbachia et les filaires restent mal décrits. Ceci est dû à deux limitations majeures : Wolbachia, les alpha-protéobactéries intracellulaires obligatoires sont génétiquement non-tractables, ce qui constitue un obstacle majeur pour la communauté des chercheur.se.s. En outre, le manque d’outils de biologie cellulaire a jusqu’à présent empêché l’exploration de la biologie du nématode parasite, ce qui souligne la nécessité de combler le fossé entre la parasitologie classique des nématodes filaires et la biologie cellulaire de modèles expérimentaux tels que C. elegans. Pour ces raisons, la plupart des interactions entre la biologie cellulaire du Wolbachia et l’hôte que nous connaissons proviennent d’études menées sur la drosophile, un hôte naturel de ces endosymbiontes.

J’ai développé de nouvelles techniques de silençage de gènes (ARNi) et d’immunofluorescence adaptées à ces gros vers qui n’étaient jusqu’alors observés qu’en coupe transversale.

J’ai décrit les modes de transmission du Wolbachia dans les lignées somatiques et germinales pendant le développement du ver. J’ai montré que les Wolbachia intègrent des informations de polarité pour se séparer asymétriquement dans l’embryon, et qu’un tropisme ovarien par migration extracellulaire est essentiel pour assurer la transmission des bactéries endosymbionotiques à la progéniture du ver parasite. J’ai démontré que l’élimination du Wolbachia entraîne une apoptose majeure dans les embryons, cause de la stérilité induite.

J’ai pu démontrer avec les membres de mon équipe que la perte de Wolbachia affecte également l’oogenèse du parasite filarien et en particulier le comportement des cellules souches germinales. La fraction de réserve de ces cellules perd sa quiescence et leur organisation spatiale devient chaotique. Ce constat ouvre de nombreuses questions sur le rôle des endosymbionts de Wolbachia dans ce mutualisme qui constitue le cœur de notre activité de recherche.