Introduction
Pourquoi fait-on ce que l’on fait?
Les motifs de nos comportements nous échappent souvent. Mathias Pessiglione co-dirige une équipe avec Sébastien Bouret et Jean Danizeau qui essaie de comprendre comment fonctionne la motivation chez le sujet sain et le sujet pathologique. Ils définissent la motivation comme l’ensemble de processus qui attribuent de la valeur à des situations anticipées de façon à contrôler le comportement.
Leur recherche est liée à la neuro-économie, domaine de recherche émergent qui s’intéresse à la décision fondée sur la valeur, et qui tente d’expliquer les écarts à la rationalité.
Ils ont pour but d’élaborer un tableau exhaustif des processus motivationnels : pourquoi nous plaçons nos espoirs dans certaines opportunités, pourquoi nous préférons certaines options à d’autres ou pourquoi nous dépensons tellement d’efforts dans certaines activités.
Plus spécifiquement, leurs buts sont mieux décrire a) comment le cerveau code ses valeurs et ses croyances, b) comment ces valeurs dépendent de paramètres tels que le niveau de récompense, la probabilité, les délais et les coûts, c) comment ces valeurs sont affectées par les contextes sociaux, d) comment ces valeurs sont modifiées par l’apprentissage et e) comment ces valeur influencent les systèmes cérébraux (moteurs, perceptifs, et cognitifs) qui sous-tendent les comportements.
Leur objectif à long terme est de constituer une théorie neuro-computationnelle expliquant les determinants du comportement humain, capable de faire des predictions valables sur l’évolution non seulement d’une symptomatologie clinique mais aussi d’activités économiques.
Spécifiquement, l’équipe de Mathias Pessiglione se focalise sur l’étude de la motivation humaine en utilisant principalement deux types de méthodes : la neuroimagerie (IRMf chez les sujets sains mais aussi MEG et potentiel de champ local chez les patients) et la neuropsychologie (en testant les déficits comportementaux suite à une lésion du cerveau et à un traitement médicamenteux ou chirurgical). L’approche générale consiste à mettre au point des tests du comportement ciblant un processus motivationnel spécifique, en utilisant la neuro-imagerie fonctionnelle pour identifier le système cérébral sous-jacent puis la neuropsychologie pour évaluer la façon dont le processus motivationnel ciblé est affecté lorsque le système cérébral identifié est dysfonctionnel dans des conditions pathologiques.
Projets
Afin d’étudier les processus motivationnels chez l’homme, l’équipe de Mathias Pessiglione
- développe des tâches comportementales sur ordinateur qui ciblent les processus d’intérêt
- utilise des techniques d’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle, EEG-MEG, potentiels de champs locaux) pour identifier les réseaux neuronaux qui sous tendent le comportement.
- évalue les altérations du comportement dans ces tâches lorsque les circuits neuronaux préalablement identifiés sont perturbés par des troubles neurologiques ou psychiatriques, ainsi que par les traitements (médicamenteux ou chirurgicaux).
Ils s’intéressent actuellement à plusieurs pathologies dans lesquelles la motivation ne fonctionne pas correctement!
- en neurologie : maladie de Parkinson, maladie de Huntington, syndrome de Gilles de la Tourette, maladie d’Alzheimer, démence fronto-temporale, lésion focale (accident vasculaire cérébral, gliome)
- en psychiatrie: dépression, trouble obsessionnel compulsif, schizophrénie
Les projets de recherche de Mathias Pessiglione peuvent être catégorisés sur la base de la variable comportementale mesurée
1. Choix
- Apprentissage instrumental : comment le cerveau apprend la valeur d’actions et de tâches par essais/erreurs.
- Dévaluation par l’effort : Comment le cerveau départage des options qui nécessitent différents niveaux d’effort.
- Dévaluation par le temps : Comment le cerveau départage des options dont la récompense est différée plus ou moins loin dans le temps.
2. Effort
- Gestion de l’effort : Comment le cerveau répartit la dépense d’énergie au cours du temps
- Déterminants sociaux : Comment le cerveau intègre les situations de coopération et de compétition dans la dépense énergétique.
3. Evaluations
- Valeurs : Comment le cerveau juge du caractère plaisant de situations anticipées.
- Croyances : Comment le cerveau juge de la plausibilité de situations anticipées.
- Interaction : Comment les systèmes de valeur et de croyance interagissent entre eux et avec d’autres systèmes (comme les neurones miroir ou la mémoire épisodique)