Phase pré-érythrocytique du paludisme : infection et immunité
Anciens travaux de recherche du lauréat
Robert Ménard étudie comment le parasite du paludisme se développe dans la peau et le foie avant d’atteindre les globules rouges (la phase pré-érythrocytique). Ses recherches visent à identifier les produits parasitaires impliqués dans les étapes clé de l’infection. Nous tentons aussi de décrypter les mécanismes de protection contre cette phase de l’infection, et d’identifier de nouveaux antigènes protecteurs pour développer un vaccin.
Introduction
Le paludisme reste la parasitose la plus sévère dans le monde. Cette maladie met à risque près de la moitié de la population mondiale et tue jusqu’à un million de personnes par an, surtout de jeunes enfants en Afrique sub-saharienne. L’agent étiologique de cette maladie est un parasite unicellulaire eucaryote, appelé Plasmodium.
L’infection palustre se divise schématiquement en deux phases: la première, dite pré-érythrocytaire, suit l’injection des parasites par le moustique vecteur. Pendant cette phase, asymptomatique, les parasites sont injectés dans la peau et rejoignent le foie pour envahir les hépatocytes et s’y multiplier en nouvelles formes parasitaires qui envahissent les érythrocytes. La seconde phase, responsable de l’ensemble des symptômes et complications de la maladie, correspond à l’infection des érythrocytes par le parasite en cycles répétés.
Le but de la recherche de Robert Ménard et de son équipe est de mieux comprendre la phase pré-érythrocytaire de l’infection palustre.
Projets
Robert Ménard et son équipe poursuivent plusieurs axes de recherche. Le premier est d’obtenir une vision globale et in situ de l’infection pré-érythrocytaire, en utilisant un modèle rongeur et des outils d’imagerie intravitale chez la souris. Ces études leur ont permis de mettre en évidence de nombreux aspects insoupçonnés de l’infection, en particulier le développement complet du parasite dans les cellules de la peau, l’infection du ganglion lymphatique qui draine le site d’injection dans la peau, ainsi que des mécanismes d’échappement de l’immunité innée de l’hôte comme la traversée des cellules phagocytaires dans la peau et le foie.
Le deuxième axe consiste à disséquer au plan moléculaire certaines capacités essentielles du parasite, notamment ses capacités de mobilité et d’invasion des cellules hôtes. La mobilité de Plasmodium, unique par sa vitesse (plusieurs microns par seconde) et son type (glissement et non rampement), dépend d’un moteur actino-myosinique sous-membranaire. L’entrée du parasite suit la formation d’une ‘jonction serrée’ entre les membranes du parasite et de la cellule hôte, qui lie les cytosquelettes des deux cellules et agit comme point de traction pour le moteur. Au cours de ces dernières années, Robert Ménard et son équipe ont identifié certains composants essentiels du moteur ainsi que de la jonction d’entrée de ces parasites.
Le troisième axe est d’adresser les bases de la protection contre les stades pré-érythrocytaires du parasite et d’identifier de nouveaux candidats vaccinaux. Des parasites vivants qui ne se développent pas dans le foie en n’entrainent pas d’infection érythrocytaire constituent aujourd’hui le vaccin le plus efficace contre la phase pré-érythrocytaire de la maladie. Grâce à une combinaison d’outils génétiques, permettant de créer des parasites atténués à divers stades de l’infection ou du développement, et des techniques d’imagerie permettant d’analyser le devenir in vivo des parasites vaccinants, Robert Ménard et son équipe tentent d’identifier les stades parasitaires les plus protecteurs et leurs antigènes associés.
Implications
Les travaux de Robert Ménard mettent à jour de nouvelles connaissances pour mieux combattre le paludisme et ses recherches ouvrent la voie au développement d’un vaccin contre cette maladie qui tue jusqu’à un million de personnes par an dans le monde.